Mon top 3 des romans dont le narrateur est un enfant
Mon top 3 des romans dont le narrateur est un enfant
Je lis depuis que je sais lire, c’est à dire à peu près l’âge de 6 ans. J’ai toujours été fascinée par les livres dont les narrateurs sont des enfants voire des adolescents. Je trouve cela difficile pour un écrivain de se mettre dans la peau d’un enfant, de penser totalement comme un enfant. Certains s’essaient à l’exercice mais gardent leurs schémas de pensées d’adultes, ce qui décrédibilise la narration. J’ai récemment lu deux livres qui m’ont complètement scotchée car j’avais l’impression d’être dans l’esprit d’un enfant, d’un vrai… Cela m’a parfois rappelé la manière dont je voyais le monde à cet âge. Le point commun de ces trois romans ce sont les narrateurs : des petites filles sensibles qui vous racontent la vie telle qu’elles la voient à leur âge (et pourtant les auteurs sont des adultes).
(J’espère que ce nouveau format d’article vous plaîra !)
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee, éd. Le livre de Poche
On suit ici les aventure de la petite Scout, qui vit en Alabama dans les années 30. Elle vit avec son papa, avocat, et son grand frère. Elle passe ses journées à jouer dehors avec un voisin qui deviendra son amoureux, et va à l’école du village, fréquentée par les enfants de milieux sociaux variés… Elle entretient une fascination et une peur monstre pour un voisin qui vit reclus chez lui.
Le sujet « politique » du livre, qui en fait un roman historique, est la manière dont le père de Scout doit gérer le fait d’être commis d’office pour défendre les droits d’un noir accusé d’avoir violé une blanche. A travers les yeux de Scout, on découvre un instantané de la question des droits civiques au quotidien à cette époque. Le tout est raconté avec une drôlerie, une poésie, et une innocence telle qu’on a juste envie de prendre cette petite Scout dans les bras et de grimper aux arbres avec elle tout un après-midi.
Les armoires vides, d’Annie Ernaux, éd. Folio
C’est LE roman « social » qui m’a fait découvrir la vie, lorsque j’avais 9-10 ans. A l’époque, ce livre m’avait choquée et il y avais des choses que je ne comprenais pas vraiment… Je l’ai relu récemment et il m’a semblé limite mignon (il faut voir ce que je me suis envoyé comme romans glauques depuis ) et surtout moins choquant.
Ici, la narratrice raconte son enfance puis son adolescence – encore un roman d’initiation – avec ses parents qui tiennent un bar tabac épicerie dans une petite ville. Elle découvre que ce qui lui parait fabuleux au début de sa vie (ses parents qui tiennent un bar tabac) n’est pas chic et même plutôt dégoûtant (ils ne savent pas parler correctement, tout est en fait sale et vulgaire, ça la déprime). C’est alors le rejet de son milieu social qui sous-tend tout le roman, qui parle aussi d’amitié, de honte, de découverte de la sexualité, de rage de s’en sortir et d’éducation… Le tout écrit avec des yeux de petite fille qui n’hésite pas à être elle-même, parfois naïve, parfois perverse, comme le sont tous les enfants après tout…
Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman, de Kerry Hudson, éd. 10/18
Une narratrice encore plus jeune car lorsque le roman commence, elle vient de naître ! On suit donc le monde par ses yeux de bébé, et on découvre qu’elle ne démarre pas forcément avec les meilleures bases dans la vie (pas de papa, maman alcoolique très vite à la rue, famille déglinguée), mais avec un atout majeur : beaucoup d’amour de la part de sa maman (même si, je suis d’accord, ce n’est parfois pas suffisant). On la regarde alors grandir et découvrir le monde, de maisons de placement en foyer, de foyer en HLM, de beau-père violent en beau-père accro aux jeux, mais toujours, cette maman, qui bien que dépressive la plupart du temps, essaie de faire quelque chose de bien pour sa fille. Ce roman commence en Ecosse au début des années 80, et il est touchant touchant touchant. Je le conseille à tout le monde. (Et en plus il est drôle).
Pour finir, je pense que ces 3 romans ont finalement quelque chose d’autre en commun : le besoin des narratrices de s’en sortir coûte que coûte dans la vie, et la découverte du monde pour finalement passer dans le monde des adultes… En général, on les quitte à l’orée de leur vie d’adulte…
Alors, si vous cherchez des romans touchants et sincères, si vous avez adoré les films du genre Camille Redouble ou Papa was not a rolling Stone par exemple, ces livres sont pour vous.
Et n’oubliez pas de manger plein de bonbons en les lisant !
Dans le même genre, vous aimerez aussi :
Gaëlle 18 février 2016 at 18 h 11 min
Eh bien de mon côté, j’ai enfin lu « La vie devant soi » il y a quelques temps, pile dans ton thème
labookista 18 février 2016 at 20 h 31 min
Ah oui c’est vrai !! Ca me donne envie de le relire… Merci pour ta contribution !
mzelle fraise 18 février 2016 at 18 h 49 min
J’aime beaucoup ce format d’article ! c’est très chouette
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, il est tellement bien ce livre ! Et Annie Ernaux, j’aime beaucoup ses livres, mais je n’ai pas encore tout lu. Ta sélection m’a fait aussi pensé au film Stella de Sylvie Verheyde qui est sorti il y a quelque temps.
labookista 18 février 2016 at 21 h 44 min
Hello toi
Je dois voir ce film…
Annie Ernaux ce n’est pas toujours drôle je trouve, mais celui-là est vraiment fort ! Oui Ne tirez pas sur l’Oiseau moqueur, j’ai adoré, je voyais les scènes dans ma tête comme un film. D’ailleurs il doit bien y avoir un film non ?
Lisa 18 février 2016 at 21 h 16 min
J’ai tellement adoré le livre de Kerry Hudson ❤
labookista 18 février 2016 at 21 h 46 min
Hello Lisa, Moi aussi, je viens de le finir… a-do-ré.
Nanikaa 18 février 2016 at 22 h 16 min
Je prends bonne note car j’aime bien ta sélection. Dans le même registre il y en a un qui m’a énormément marqué « quand j’avais 5 ans je m’ai tué » d’Howard Buten. Jeune ado je l’ai lu plein plein de fois. Si tu ne connais pas je te le conseille. (Le film tiré du livre était bien nul par contre)
Bises !
Marie-Claude 1 mars 2016 at 4 h 29 min
Super article. J’adore les enfants narrateurs. C’est souvent périlleux, mais lorsque c’est bien fait, c’est souvent bouleversant. Je n’ai pas lu le roman d’Annie Ernaux, mais les deux autres, oui. J’ai eu un coup de coeur pour celui de Kerry Hudson.
Si je peux me permettre de t’en conseiller un, ce serait « L’homme de la montagne » de Joyce Maynard. Savoureux…
amélie 12 mai 2016 at 17 h 07 min
Merci pour ton blog! Il y a un livre avec un enfant narrateur qui m’a particulièrement marqué, c’est « Autobiographie d’une courgette » de Gilles Paris. C’est un livre qui se lit tout seul, qui m’a bien fait rire. Je l’ai conseillé à beaucoup de personnes et les retours ont tous été enthousiastes!